Or voici Ratapoil, nouveau quadragénaire,
Qui fait ses premiers pas dans sa vie en déclin ;
D’avenues en ruelles, son sort le travaille…
Pour tant d’années passées, combien de jours de fête ?
De triomphe ? de joie ? Comme un fantôme pâle,
Il traîne dans ce monde une âme inquiète et pauvre…
Que de rêves déchus ! Que d’amis envolés !
Il entre pour flâner dans une librairie ;
Il lui faut quelque page, une strophe, un bon mot
Qui saura divertir pour un temps ses pensées…
∗
On raconte qu’un disciple se voyait refuser la révélation de la doctrine par son maître. Afin de prouver la sincérité de son engagement dans le zen, il se coupa le bras gauche ; son maître, rompant alors un silence de plusieurs années, lui demanda ce qu’il désirait :
« – Il n’y a pas de tranquillité dans mon esprit, répondit le disciple ; fais-moi la grâce de l’apaiser.
– Montre-moi ton esprit et je te donnerai la paix, lui dit le maître.
– Quand je cherche mon esprit, je ne le trouve pas.
– Bien, dit le maître, te voilà en paix. »
∗
Et voici Ratapoil, dans une autre boutique,
Au rayon des articles de méditation :
« Je vais, s’exhorte-t-il en tâtant un coussin,
« M’affranchir de ce moi qui n’est qu’une illusion. »
T. C.
Qui est Ratapoil ?