La Mélancolie du coursier Uber
Dans un pays aux inégalités croissantes, en un siècle féru de technologie, il était possible de se faire livrer tout ce que les restaurants plus ou moins proches proposaient à leurs tables. Il suffisait d’en faire la demande sur une plateforme numérique.
Aux heures des repas, de jeunes cyclistes s’attroupaient sur les places et dans les rues des quartiers commerçants, près des snacks et des brasseries. Ils attendaient, un peu absents, qu’une course leur soit confiée.
Ces travailleurs étaient des tâcherons ; le temps perdu entre deux livraisons ne leur était pas payé, de sorte qu’ils gagnaient une misère.
Les riches citadins se régalaient à loisir. Comme leurs commandes arrivaient à vélo, ils étaient heureux de faire un geste pour la planète.
Un jour d’été nuageux, un coursier écrivit ce poème :
Le centre-ville est maussade
Comme une vie sans espoir ;
À l’horizon se dessinent
Deux burgers et trois sushis.
T. C.