La Mort de l’aigle

José-Maria de He­re­dia était un po­ète par­nas­sien qui sa­vait se mon­trer ro­man­ti­que…


Quand l’aigle a dépassé les neiges éternelles,
À sa vaste envergure il veut chercher plus d’air
Et le soleil plus proche en un azur plus clair
Pour échauffer l’éclat de ses mornes prunelles.

Il s’enlève1. Il aspire un torrent d’étincelles.
Toujours plus haut, enflant son vol tranquille et fier,
Il monte vers l’orage où l’attire l’éclair ;
Mais la foudre d’un coup a rompu ses deux ailes.

Avec un cri sinistre, il tournoie, emporté
Par la trombe, et, crispé, buvant d’un trait sublime
La flamme éparse, il plonge au fulgurant abîme.

Heureux qui pour la Gloire ou pour la Liberté,
Dans l’orgueil de la force et l’ivresse du rêve,
Meurt ainsi d’une mort éblouissante et brève !

José-Maria de Heredia,
Les Trophées, 1893


1. Prend son en­vol.

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