Souvent élégiaque, la poésie de Philippe Chabaneix ébauche des univers à la fois troubles et familiers.
À Gisèle Ferrandier
C’est dans l’impasse des Trois Anges
Qu’un matin gris j’ai rencontré,
Après avoir longtemps erré,
Le plus meurtri de tous mes songes :
Une enfant triste aux yeux cernés
Qui s’appelait Marcelle ou Marthe
Et qui, m’ouvrant comme une morte
Le ciel des jours abandonnés,
M’a conduit jusqu’à cette chambre
D’où l’on voyait, sortis du port,
Les voiliers glisser vers le nord
Parmi la brume de novembre.
Philippe Chabaneix,
Musiques des jours et des nuits, 1945