Ce poème a paru dans un recueil collectif intitulé Jardin d’épitaphes choisies ; il y est présenté comme ayant été « fait au lit de la mort, quatre heures avant que mourir. »
Je suis dans le penchant de mon âge de glace,
Mon âme se détache, et va laisser mon corps ;
En cette extrémité que faut-il que je fasse,
Pour entrer sans frayeur dans la terre des morts ?
J’ai flatté les puissants, j’ai plâtré leurs malices,
J’ai fait de mes péchés mes uniques plaisirs,
Je me suis tout entier plongé dans les délices,
Et les biens passagers ont été mes désirs.
Tout espoir de salut me semble illégitime,
Je suis persécuté de l’horreur de mon crime,
Et son affreuse image est toujours devant moi.
Mais ! ô mon doux Sauveur, que mon âme est confuse !
Que je suis faiblement assisté de ma Foi !
Rends-tu pas innocent le Pécheur qui s’accuse ?
François Maynard,
Jardin d’épitaphes choisies, 1648