La Vérité en pleurs

Quand vient poindre le jour, la nuit est centenaire.
Dans un gémissement, elle va, s’étiolant
Comme un tricot défait, sous l’œil adolescent
D’un matin bienheureux aux clartés légendaires.

C’est l’heure où les dormeurs commencent à comprendre
Que la femme pâmée n’était qu’une illusion
Et que l’enfant perdu qui rentre à la maison
N’était qu’un sombre piège où l’esprit s’est fait prendre.

À cet instant secret, inquiets de la lueur
Qui embrasse les cieux tel un conciliabule,
Se pressent, valeureux, les joyeux noctambules
Entravés par l’ivresse d’une étrange liqueur.

C’est à ce moment-là, quand l’obscurité meurt
Entre les bras laiteux du pubère garçon,
Étouffée par ses cris de vierge nourrisson
Comme une vieille veuve à qui l’on prend le cœur,

Que j’ai entraperçu, à travers les pâleurs
Du cillement du temps où tremble l’horizon,
Assise dans l’oubli – virginale vision
Émergeant du néant – la Vérité en pleurs.

C. D.

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