Jean Grosjean fut un poète aussi attentif au monde extérieur qu’aux mouvements de la vie intime.
En cet éternel automne
dont ne mouraient pas les fleurs
nos travaux n’avaient pas d’heure
ni nos siestes de limites.
Les lueurs du soleil traînaient
longtemps le soir sur les seuils
en attendant que les feuilles
veuillent descendre des arbres.
Nous dînions au clair de lune
en échangeant nos sourires
quand nous frôlaient les zéphyrs
de leur souffle impondérable.
Quand les brumes du matin
venaient humecter nos cils
nous allions d’un pas tranquille
visiter la paix des tombes.
Nous aimer sans nous le dire
ne pouvait que plaire au ciel
en cet automne éternel
dont les fleurs ne mouraient pas.
Jean Grosjean,
Arpèges et paraboles, 2007