Il y avait un lévrier souple, élégant, dont la robe grise avait des reflets bleus ; il gagnait régulièrement le premier prix de sa race à des exhibitions canines et faisait la fierté de son éleveur.
Ce champion pourtant ne trouvait pas d’acquéreur :
– Quelle allure ! s’extasiait un visiteur. Quelle silhouette effilée !
– Comme il doit courir vite, ajoutait son voisin…
– Il est à vendre, vous savez ?
– Oh, un tel chien n’est pas pour moi.
Lors de ces évènements, il voyait avec dépit d’autres chiens, moins beaux que lui mais plus mignons, trouver un maître. Des bichons, des chihuahuas, des caniches nains, éperdus d’amour pour l’homme qui les avait choisis, quittaient, la queue frétillante et la poitrine gonflée, le hall d’exposition où il demeurait.
Chacun loue l’excellence
Et l’admire de loin ;
Personne cependant
Ne tâche de l’atteindre.
Redoutant les échecs,
Les souffrances et l’effort,
Les hommes lui préfèrent
Des bonheurs miniatures…
T. C.