Ce poème est le deuxième d’une section intitulée « Le Retour de l’enfant prodigue ». Dans le premier, l’enfant frappait à la porte.
Ce n’est pas le cœur qui manque,
Ni le désir rassasié,
Mais la route qu’on étire
Qui fait défaut tout à coup.
Elle tient à nous depuis
Les premiers pas du départ,
Notre marche la déroule
Derrière nous sans relâche.
Mais quand finit l’amplitude,
Elle se raidit soudain
Comme un fil de cerf-volant,
Et qui rappelle à la terre
L’incontrôlable ascension,
L’immense besoin d’azur.
Ce n’est pas le cœur qui manque,
Ni le désir rassasié ;
Mais c’est la route par quoi
Mon âme tient au passé.
Jean-Aubert Loranger,
« Le Retour de l’enfant prodigue », Poèmes, 1922