André Mage de Fiefmelin naquit et demeura à l’île d’Oléron. Il eut une vie rangée et produisit plus de cinquante mille vers.
En leur saison l’arbre et la fleur soupirent
Un air d’eux-même embaumant l’air d’odeurs :
Tu rends de toi pour plus douces senteurs1
Un air infect que tes esprits2 soupirent.
Les fruits ainsi de leurs arbres retirent.
L’arbre mauvais ne peut en ses aigreurs
Faire bon fruit plein de douces saveurs :
Les biens de toi non plus ne se désirent.
Qu’est-ce que l’homme ? Un arbre renversé
Dont la racine est son poil plus haussé3,
Son chef4 le tronc, le milieu sa poitrine ;
Ses jambes sont les rameaux : chaque orteil
Autant de feuille au vent qui le domine ;
Lui, souche en fin5 séchée6 du soleil.
André Mage de Fiefmelin,
L’Image d’un mage, 1601
1. Tu dégages, comme bouquet de senteurs les plus douces.
2. Éléments d’une matière très subtile, légère, chaude, mobile et invisible, considérés comme les agents de la vie et du sentiment qu’ils portent dans les différentes parties du corps qu’ils animent.
3. Le plus haut.
4. Tête.
5. À la fin.
6. Le e du féminin compte pour une syllabe.