Jacques Réda, grand flâneur, débusqua la poésie au coin des rues.
Je reste bien intéressé par les sacs en plastique
Vides qu’un souffle dans la rue ou le déplacement
D’air provoqué par mon passage emportent brusquement,
Font se gonfler, se convulser de façon pathétique.
Ils ignorent à peu près tout de l’aérostatique,
Se bornant parfois à ramper au sol – c’est déprimant.
Mais un subit accès de joie ou de rage dément
Cette timidité. Je crois que l’on ne domestique
Jamais les âmes sans repos, les malheureux démons
Qui se débattent dans les sacs quand nous les ranimons.
Regardez-les planer, accomplir des acrobaties
Gracieuses, puis revenir se rouler à vos pieds
Avant de succomber encore à leurs épilepsies,
Et plaignez-les pour les méfaits qu’ils n’ont pas expiés.
Jacques Réda,
L’Adoption du système métrique, 2004
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