Naguère, un homme qui habitait dans une ville de taille modeste, loin des remous du temps, se rendit pour quelques jours dans la capitale de son pays.
L’amour du luxe y régnait ; il vit des appareils numériques, des chaussettes, des viennoiseries présentés en vitrine comme des bijoux. Il croisa des silhouettes nonchalantes et sophistiquées, surprit quelques graves confidences de préoccupations légères, et vit s’ébattre une jeunesse fringante, aisée, ivre d’elle-même.
Des gens y bravaient le froid, la nuit, dans des files d’attente à l’entrée de lieux à la mode. D’autres dormaient dehors ; il vit des visages édentés, des peaux marquées de couperose et des corps abîmés, décatis.
Sur le chemin du retour, dans le train, il écrivit ce poème :
Ici règne un été
Qui jamais ne s’achève ;
Là mugissent les vents
D’un hiver éternel.
Et le monde pourtant
Continue de tourner…
T. C.